Je ne savais que dire sur ces lieux dans lesquels je me trouvais à ce moment. La splendeur de Baron n’y était pas représentée. Je n’étais plus chez moi, et j’en étais parfaitement conscient. Un endroit si délabré ne pouvait se trouver sur Terre, où je m’en serrais souvenu, moi qui ai vogué sur les mers et ai flotté aux dessus des grands nuages. Je connais parfaitement les montagnes, les grottes et diverses cavernes. Pas cet endroit où je me trouvais. Pourtant, sans appréhension quelconque, je m’y aventurai. Un guerrier tel que moi ne pouvait faire que cela, découvrir l’endroit et en tirer profit au possible. L’endroit semblait relativement désert, et malgré un manque évident des éléments architecturaux des châteaux et villes de ma planète originelle, je trouvais un certain charme à cet endroit. La lumière était étrangement présente dans les recoins les plus improbables, combattant l’obscurité de toutes ses forces pour laisser le soin à quelques chemins tracés de se refléter pour nous donner une voix à suivre. Arme en main, je continuai encore à avancer lentement pour en découvrir un peu plus. Je n’eus pas l’occasion de voir une quelconque présence humaine, ni même l’ombre d’un monstre, pourtant, c’était sans doute la seule qui pouvait survivre en un tel lieu. Quoique, il devait y avoir eu une civilisation ici, qui devait vivre dans ce qui s’apparentait à des maisons, délabrée à présent. Une simple idée me traversa un l’instant l’esprit. La rusticité des lieux évoquaient un temps ancien. Une fois de plus, quelqu’un aurait pu user d’une magie étrange pour replonger notre Terre dans son ancienne époque ? C’était absolument ridicule. Mais une cause plausible. Avec tout ce que nous avions vécu avec Golbez, Zemus et même Zeromus, cela ne m’aurait aucunement étonné. Mais ces étranges et immenses coquillages apparemment habitables ne me rappelaient en rien ce que j’avais pu lire dans les livres du château sur le passé de notre Terre. Finalement, cette éventualité était à oublier, et c’est ce que je dis rapidement.

Une bonne heure après ma découverte et après avoir marché, marché sans arrêts et sans combats ni même rencontres, je m’étais accordé un temps de repos. Où allais-je ? Je n’en savais tellement rien. Peut-être allais-je ne jamais sortir de cette sorte de ville fantôme ? Je ne pus m’empêcher de laisser échapper un long soupir avant de reprendre ma marche. J’avais cette impression que j’étais définitivement perdu, mais pourtant, une part de moi me disait de continuer encore et encore. Je remis mon heaume et repris la marche doucement, sans réelle détermination en vérité. Le cri d’une étrange créature m’interpella finalement. Un sourire put enfin apparaître sur mon visage. Une créature, enfin de l’ambiance. Mon pas se fit légèrement plus rapide, le décor défilait sous mes pas. Et à mon arrivée, le monstre était apparemment vaincu. Je n’eus le temps de voir qu’un dernier battement d’ailes. Je n’étais donc pas seul, ou peut-être était encore une autre chose qui l’avait anéanti. Je fis quelques pas supplémentaires avant d’esquisser un simple sourire. Je n’étais pas le seul humain ici, apparemment. Deux jeunes femmes étaient également présentes. Je me devais donc de supposer qu’elles étaient celles qui avaient vaincu la créature dont j’avais entraperçu les ailes se mouver. Je croisai mes bras un instant en les regardant, au loin. Je n’en connaissais aucune des deux. Je déglutis un peu avant de soupirer. J’allais passer pour un idiot, si elles connaissaient les lieux, à demander où je me trouvais et que j’exposais ma situation. Mais je me devais de le faire après tout, sinon j’allais encore rester dans cet endroit pendant un long moment. « Désolé de vous déranger. Ma condition serait longue à expliquer, je souhaite juste savoir une chose : savez-vous quel est cet endroit ? ». J’avais horreur de demander des explications, moi qui faisais toujours cavalier seul dans la plupart des situations. Mais je n’en avais pas le choix.

Je regardais mes interlocutrices, avec une certaine curiosité. Ces vêtements semblaient bien étrange, il semblait évident qu’elles deux ne venaient pas de Baron. Si la première avait éventuellement une esthétique vestimentaire se rapprochant de celle de Damcyan, la seconde demoiselle quant à elle portait des choses bien moins représentatives de mon univers, ce qui me captiva légèrement plus. Mais peu de temps bien entendu, disons que j’avais mieux à faire que d’étudier les tenues des personnes présentes pour essayer de deviner d’où elles pouvaient bien venir. Je plantai la lance dans le sol pour croiser les bras, par habitude devrais-je dire, et écoutai rapidement leur présentation. Je n’étais donc pas le seul perdu en ces lieux… Je ne savais si je devais m’en avéré satisfait ou non. Si je n’étais pas le seul, je pouvais dans un sens espérer retrouver diverses personnes de ma connaissance : Cecil et Rosa avant tout… Mais devais-je comprendre que si nous ne nous retrouvions tous ici, je n’étais aucunement dans un rêve, dans mon esprit, ni même mort ? Le beau royaume qu’est Baron avait-il disparu, était-il envolé à jamais pour avoir laissé place à ce bien étrange univers dans lequel je me retrouvais, accompagné par une demoiselle perdue et une autre vêtue d’une manière bien étrange ? Je ne comprenais plus rien. Absolument rien. Mon esprit était embrumé, laissant place à des pensées absolument ridicules. Je m’étais même demandé si tout cela n’était pas qu’une vulgaire hallucination, un trouble malsain. Je ne pouvais plus penser grand-chose de la situation à part que cela n’avait rien de vraiment rassurant, bien entendu.

J’avais donc appris en quelques secondes que je me trouvais dans un lieu nommé Région du Glaçon, nom étrange et fortement vaudevillesque, mais je n’esquissais pourtant aucun sourire. Cette fois, c’était clair. Je n’étais plus sur Terre, cet endroit ne s’y trouvait pas. Ce n’était par évidence pas les souterrains non plus, sauf si les Nains les peuplant avaient assez d’humour pour nommer leurs terres volcaniques avec un nom de l’élément opposé. La Lune ? Non plus. Ce lieu était bien plus plaisant que ces terres désertiques sur lesquelles je m’étais rendu. Finalement, les demoiselles m’apprirent leurs prénoms. Il était des plus inutiles de dire le mien… Si j’étais après tout allé au Mont Supplice avant d’atterrir en ces lieux, c’était pour faire de moi quelqu’un de nouveau. Un Kain plus puissant, plus raisonné, moins guidé par sa haine. Je n’y étais pas encore arrivé… Je devais donc entendre par là que je n’étais plus personne. Je poussai une fois de plus un long soupir avant de réfléchir à la quémande de la jeune femme en rose, se nommant apparemment Aerith. J’avais par habitude de faire cavalier seul, je n’appréciais guère suivre des personnes. Pourtant, je devais me résoudre à le faire. J’avais erré pendant plusieurs heures en ce milieu peu hostile, il risquait de m’arriver la même chose si je ne restais pas en compagnie de quelqu’un qui semblait être habitué, ou peut-être pouvait simplement posséder quelques savoirs sur cette étrange ‘Région du Glaçon’. Je décroisai les bras et repris ma lance dans la main. « Bien. ». N’était-elle donc pas effrayée de demander ainsi à un inconnu de les accompagner ? Apparemment, cette Aerith avait accueilli la seconde fille, Terra si je me souvenais bien… qui semblait tout aussi perdue que moi. Je devais comprendre par là que la fille en rose était quelque peu accueillante, mais je n’en avais guère à faire… « Connaitrais-tu un moyen de se rendre dans un royaume ou même simplement un hameau dans une contrée non loin d’ici ? ». J’avais besoin de savoir si Cecil était ici. Après tout, on devait bien connaître un roi dans un royaume même quelque peu différent, non ? Baron était après tout le domaine le plus connu de part sa flotte militaire importante et à présent à cause… enfin, grâce, excusez-moi, au mariage récent. Voilà que je parlais un peu trop à mon gout. Mais c’était nécessaire pour tenter de comprendre un peu plus où je m’étais aventuré sans raison et surtout sans le savoir.

Donc tout était étrangement basé sur la technologie ? Le spécialiste de la technologie en mes terres s’avérait être Cid… Ce pouvait-ce donc que les personnes présentes ici aient hérité par une obscure raison de ses talents en la matière ? Encore un mystère que je me devais de résoudre, et rapidement. Je n’arrivais pas exactement à comprendre ce que la jeune fille vêtue de rose entendait par le fait qu’il n’y avait plus de royaume. Alors comment était régies les terres ? Qui avait le pouvoir ? Certes, il y avait cette étrange histoire de technologie mais n’y avait-il donc aucun roi ? C’était impensable. Pourtant, cela ne semblait en aucun cas être des foutaises. Je pris longuement ma respiration en fronçant les sourcils, et levai la tête vers le ciel. Pas de royaume, autre monde. Que devais-je bien penser d’une pareille chose, d’un tel évènement qui n’avait pas même été compté dans les livres de la si belle bibliothèque du château de Baron ? Je ne pouvais pas tolérer de rester dans un monde pareil loin de tout ce que je pouvais connaître et dont j’étais habitué depuis ma tendre jeunesse. Passons. Je pris la route en compagnie des demoiselles et mis mon regard sur le bateau qui était donc sensé nous emmener vers un autre continent, si j’avais tout suivi. Que de choses étranges. Ce bateau était véritablement sombre, loin de toutes les ornements des beaux vaisseaux des Ailes Rouges. Mais j’avais accepté d’y monter, n’ayant pas d’autres choix, lançant un rapide regard à ceux qui avaient parlé et qui s’étaient volontairement moqué de moi. Aucune grande importance après tout.
« Je suppose que Terra et moi-même avons besoin d’explications sur cet autre continent. ». Je regardai le bateau avec attention. Peu d’équipage, qui ne semblait pas en mesure de gérer véritablement un vaisseau pareil. J’avais alors poussé un long soupir en m’asseyant là iù je le pouvais, bien que ce soit quelque chose d’assez répugnant, et mis mon regard sur les deux demoiselles. Je n’arrivais pas à cerner la jeune fille en rose. Elle était quelque peu étrange, semblait délicate mais savait se défendre face aux affronts de l’homme qui lui avait parlé. J’en souris délicatement avant de détourner le visage, croisant les bras en posant ma lance au sol. « Serait-ce possible d’y trouver une bibliothèque ou quoique ce soit capable de nous informer un peu plus et d’éventuellement trouver des traces de nos mondes respectifs ? ». Mes yeux se posèrent alors sur la demoiselle nommée Terra. Elle ne venait pas de Terre, elle non plus, visiblement. Même si sa manière de se vêtir se rapprochait de Damcyan, son manque de réaction envers ma demande sur Baron avait bel et bien mis les choses au clair.
La mer semblait plutôt calme. Enfin, l’océan, plutôt je suppose, si cela nous menait à un autre continent. Mais je me devais de me méfier, j’avais affronté nombreux monstres durant mes voyages dans les eaux les plus calmes.